La récente démission du PDG de Yahoo!, après qu’on ait relevé des inexactitudes dans les informations qu’il avait fournies au sujet de ses diplômes universitaires, suggère un rappel tristement simple : ce qui semble aller de soi mérite tout de même d’être vérifié. Le message qui en découle pour les conseils d’administration est que les fournisseurs externes de services (en l’occurrence, les entreprises de contrôle des ressources humaines ou les chasseurs de têtes) doivent détailler leur méthodologie ainsi que les spécificités de la candidature, et ne pas se contenter de faire part de leurs conclusions. Il n’était pas suffisant que l’entreprise externe de contrôle (laquelle, selon ce que j’en comprends à la lecture de la presse financière, n’était pas dans ce cas l’entreprise chasseuse de tête) confirme que le CV avait fait l’objet d’une vérification.

Bien plutôt, sa méthodologie aurait dû être contrôlée ; de même, les noms des référents du candidat, les détails qu’il aura renseignés quant à leur relation avec lui, le contenu précis des références ; les copies des diplômes obtenus, corroborés auprès des Universités ; les emplois précédents ; enfin, tout autre élément contenu dans le CV. On devrait peut-être vérifier également que le processus formel au travers duquel les candidats confirment que toutes les informations qu’ils délivrent en vue de leur embauche sont vraies, est lui-même en ordre. Cette vérification de la méthodologie, et des détails de sa mise en application, est valable bien au-delà des seules entreprises chasseuses de têtes, et vaut pour toute autre source de données sur laquelle une entreprise ou une organisation à but non lucratif base sa gouvernance ou ses décisions opératoires.

Je ne pense pas plus nécessaire de questionner l’intégrité du candidat que de se demander si, dans le cas de Yahoo!, la découverte de fausses informations justifiait cette démission. En effet, toute personne assez négligente pour se permettre, au cours d’un processus d’embauche en plusieurs étapes, des erreurs sur des éléments aussi fondamentaux que la formation universitaire ne mérite pas, de toutes façons, de diriger une entreprise, ni d’être responsable du salaire d’autrui – sans même parler du fait d’être responsable de l’embauche d’employés de niveau senior. Si j’étais membre d’un conseil d’administration, je m’interrogerais sur la façon dont la négligence peut affecter l’accountability et les opérations de l’entreprise. Cependant, je m’interrogerais aussi moi-même. Comme indiqué plus haut, la responsabilité du conseil dans l’embauche du PDG est loin de ne consister qu’en la signature d’un contrat avec des services extérieurs à l’entreprise.

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